Texte de la vidéo – Saint Corentin

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Bonjour,

Voilà, nous arrivons à la fin de notre Tro Breiz, le tour historique des sept évêchés bretons. Pour ce dernier épisode, c’est saint Corentin qui nous reçoit dans sa ville de Quimper. J’avoue que je vois apparaître avec une pointe de nostalgie les flèches de sa belle cathédrale, après ce compagnonnage d’une année avec saint Pol de Léon, saint Tugdual de Tréguier, saint Brieuc, saint Malo d’Aleth, saint Samson de Dol et saint Patern de Vannes. Corentin clôt la boucle, le cercle magique de nos saints parfois historiques, souvent très légendaires.

Les sources hagiographiques, c’est-à-dire les textes qui racontent la vie des saints, sont peu nombreuses concernant Corentin et souvent incohérentes du point de vue de la chronologie. Mais, si vous le voulez bien, glissons-nous dans la fiction entretenue par des générations de moines, d’abbés et de curés, pieusement reçue par autant de générations de paroissiens emplis d’une affection respectueuse pour leur saint patron et laissons-nous porter par le flot, celui de la mer lorsqu’elle remonte et redescend la rivière de l’Odet, également nommée ria ou aber de l’Odet.

Vous voyez sur la carte que Quimper est située à la pointe de la péninsule armoricaine. En aval, se trouve le port de Locmaria, aujourd’hui un quartier de Quimper. Les fouilles archéologiques attestent l’existence de Locmaria dès l’époque gallo-romaine. C’est là que selon Albert Le Grand est né Corentin vers 375 de notre ère. Ses parents étaient chrétiens, ils l’ont éduqué dans la foi chrétienne.

Nous n’avons pas d’autre information sur son enfance. Très jeune, il décide de se consacrer à Dieu, il devient ermite dans la forêt de Plomodiern, près du Ménez-Hom.

Pause miracle : épisode du poisson. Vous avez peut-être remarqué qu’on représente souvent saint Corentin avec un poisson à ses pieds. Cela provient d’un prodige qui lui est attribué : alors qu’il était ermite dans la forêt et donc vivait dans la plus grande austérité, Corentin se nourrissait de peu. Un bout de pain parfois mendié et quelques herbes et racines sauvages lui convenaient très bien. Or, dans une fontaine magique près de sa hutte se trouvait un poisson.

Bon, d’accord, le générateur d’images IA a décidé de délirer. Faites comme si vous ne remarquiez rien d’anormal, ne lui accordez pas d’attention, il va se lasser de faire le malin. En attendant, je continue l’histoire.

Chaque jour, Corentin coupait une petite part du poisson pour son repas, avant de le rejeter dans l’eau. Le lendemain, le poisson était de nouveau entier, bien vivant et, tout frétillant, il venait à la rencontre du moine. Et ainsi le miracle se reproduisait : Corentin prélevait son repas quotidien sans blesser l’animal, le lendemain, même rituel. Cela rappelle la multiplication des pains et des petits poissons par Jésus.

Plus proche encore du miracle de la multiplication des pains : le repas du roi Gradlon.

Un jour, lors d’une partie de chasse du côté de Plomodiern, le roi de Cornouaille se perd avec sa troupe dans la forêt. Ils arrivent par hasard près de l’ermitage de Corentin et comme ils ont tous très faim après leur journée passée à cheval, ils demandent à Corentin s’il aurait quelque chose à manger. Corentin répond qu’il a son poisson et il leur montre la fontaine magique. Tout le monde rigole, croit-il nourrir toute la troupe avec ce pauvre petit poisson ?Et bien sûr, quand Corentin en coupe une tranche et la donne à cuire au cuisinier du roi, cela suffit à rassasier tous les soldats car les parts se renouvellent sans fin. Gradlon et sa troupe sont épatés devant ce miracle, Corentin monte aussitôt d’un cran dans leur estime. Mais un des soldats veut vérifier si le poisson est vraiment magique. Discrètement, il en coupe lui aussi une tranche… On dit que ce personnage indélicat était originaire du Pays du Léon. Mais bon, Cornouaillais et Léonards ne rataient pas une occasion de s’accuser mutuellement de tous les crimes. On ne va pas s’en mêler. En tout cas, le miracle ne se produit pas, le poisson est mutilé, il va mourir. Corentin demande l’aide de Dieu et guérit le poisson. Puis il lui ordonne de quitter les lieux pour ne plus craindre la curiosité des gens. Voilà pourquoi le poisson magique n’est plus visible dans la fontaine.

Là, nous sommes carrément proches de l’épisode du Nouveau Testament… ou plutôt des épisodes. Car en préparant cette vidéo, j’ai découvert quelque chose que j’ignorais : par deux fois Jésus a multiplié les pains ! Je croyais avoir reçu une éducation chrétienne assez complète, eh bien pas du tout ! Pour ceux qui ne sont pas allés au catéchisme, je vous raconte brièvement la story. Petit à petit, une foule s’était amassée pour suivre Jésus partout où il allait pour le voir guérir les malades. Mais au bout d’un moment, ils se retrouvent dans un lieu désertique sans rien à manger. Impossible de les renvoyer chez eux, ils n’auraient pas la force de parcourir la distance. Les apôtres sont bien embêtés. Alors Jésus demande : « Qu’est-ce qu’on a qui pourrait se manger ? » – « Eh ben, il y a un gars qui a encore cinq petits pains et deux poissons… » – « Apportez-moi tout ça ! » dit Jésus. Il lève les yeux au ciel, rend grâces, bénit les paniers et envoie les disciples distribuer la nourriture à la foule. Et ils ont beau donner, donner, donner encore, les paniers ne sont jamais vidés. A la fin, quand tout le monde est repu, Jésus dit « Rapportez les morceaux qui restent, on ne gaspille pas la nourriture ! » Dame, c’est sûr faut pas gâcheu ! Et on récupère douze paniers pleins ! Pourtant, dit saint Matthieu, chapitre 14, versets 14 à 21 « Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille hommes, sans les femmes et les enfants. » Heu… pourquoi les femmes ne comptent pas ?

Je croyais que c’était toute l’histoire. Pas du tout. Chapitre 15, versets 32 à 38, ça recommence. Cette fois avec sept pains et quelques poissons et à la fin on récupère sept paniers pleins. Or, récidive Matthieu, « ceux qui avaient mangé étaient quatre mille hommes, outre les femmes et les enfants. » « Outre » toi-même !

Il n’y a pas que saint Matthieu qui raconte cette affaire, les autres évangélistes aussi. Si ça vous intéresse et que vous n’avez pas la Bible chez vous, allez sur Wikipedia « Multiplication_des_pains », vous trouverez les détails.


Revenons à Corentin et à son poisson. La rumeur s’était répandue dans toute la Bretagne qu’il y avait à Plomodiern un ermite aux pouvoirs extraordinaires. Un jour saint Patern, de Vannes, et saint Malo, d’Aleth, vinrent lui rendre visite. On a dit qu’on ne se fixait pas sur la vraisemblance : autant Patern et Corentin peuvent être contemporains sur quelques années, autant c’est strictement impossible avec Malo qui d’après les hagiographes, serait né soixante ans après la mort de Corentin. Patern et Malo arrivent donc dans la forêt du Névet où se trouve l’ermitage de Corentin. Celui-ci veut recevoir dignement ses invités. Il n’y a qu’un peu de farine et de l’eau dans sa cellule…

A suivre… à très bientôt.


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